Le Tchad accuse Khartoum d’avoir "armé" les rebelles, l’armée contrôle – Afp
L’armée contrôlait mardi la zone de l’est du Tchad où des combats meurtriers l’ont opposée la veille à un groupe armé hostile au régime de N’Djamena, tandis qu’un haut responsable tchadien a accusé le Soudan d’avoir « armé » les rebelles, en violation d’un accord de paix.
L’Armée nationale tchadienne (ANT) a emmené des journalistes à Abou Goulem, localité à 90 km à l’est d’Abéché, principale ville de la région, sur la route qui mène à la frontière tchado-soudanaise.
C’est là que l’ANT et les rebelles de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) se sont violemment affrontés lundi matin.
Une vingtaine de cadavres jonchaient le sol, à côté de 32 pick-up calcinés ou détruits et vingt en bon état. La majorité des pick-up appartenaient aux rebelles et certains étaient estampillés UFDD, selon des sources militaires. Mais plusieurs de ces véhicules, ainsi que six automitrailleuses, appartenaient à l’armée.
Aucun nouvel affrontement n’était signalé mardi.
« La situation est calme », a confirmé à l’AFP le secrétaire général de l’UFDD Abakar Tollimi, précisant que ses hommes se trouvaient « vers Am-Zoer », à 70 km au nord d’Abou Goulem.
L’armée et l’UFDD ont chacune revendiqué la victoire de la bataille d’Abou Goulem, affirmant avoir fait plusieurs centaines de morts dans le camp adverse. Ces bilans contradictoires demeurent invérifiables de source indépendante.
Depuis lundi, 190 soldats de l’ANT blessés, dont 20% très grièvement, ont transité par la base militaire française d’Abéché pour y recevoir de premiers soins avant d’être évacués sur N’Djamena.
Les combats de lundi ont fait voler en éclats le cessez-le-feu prévu par un accord de paix signé le 25 octobre à Syrte, en Libye, par les autorités tchadiennes et quatre rébellions hostiles au président Idriss Deby Itno, dont l’UFDD. Cet accord a été parrainé par Tripoli et Khartoum.
« Le Soudan a violé l’accord de paix », a déclaré mardi le général Ismaël Chaïbo, directeur général de l’Agence nationale de sécurité (ANS), les services de renseignement tchadiens.
« Il a pris des engagements par rapport à cet accord concernant le cantonnement et le désarmement des rebelles. Malheureusement il n’a pas voulu respecter ses engagements. Il les a armés (les rebelles), il les a chassés » de son territoire, a-t-il ajouté à Abéché.
L’accord de Syrte prévoyait notamment le « stationnement » des rebelles sur la position où ils se trouvaient au moment de la signature du texte, c’est-à-dire, selon le gouvernement tchadien, au Soudan.
Dans des communiqués publiés ces derniers jours, le Tchad accusait déjà les rebelles de venir du Soudan.
Dimanche, le gouvernement prévenait que Khartoum porterait « une grande part de responsabilité dans la reprise inéluctable des hostilités si l’incursion des éléments armés venant du Soudan ne (s’arrêtait) pas immédiatement ».
Les rebelles accusent pour leur part les autorités tchadiennes de n’avoir rien fait pour appliquer l’accord, et avaient décrété que le cessez-le-feu serait caduc un mois après sa signature, soit dimanche 25 novembre.
Selon des sources rebelles, le Soudan a demandé aux groupes armés tchadiens qui avaient des hommes sur son territoire de le quitter à cette date.
Le général Chaïbo a assuré que les rebelles avaient « pris la fuite vers la frontière » soudanaise, à une soixantaine de kilomètres à l’est d’Abou Goulem.
Le directeur général de l’ANS a encore dit que des « officiers » tchadiens étaient « tombés au champ d’honneur », sans en préciser le nombre.
L’armée tchadienne continuait mardi d’envoyer des renforts vers la zone des combats de la veille, a constaté un journaliste de l’AFP.