La France tape à coté, comme toujours.

Après les violents combats entre l’UFDD et les troupes gouvernementales, combats particulièrement violents, au cours desquels, les deux parties ont eu à déplorer des nombreux morts et blessés, on attendait de la France une réaction à la hauteur de la gravité de la situation, par exemple un appel à un cessez le feu, un appel à une table ronde inclusive pour résoudre la crise à la racine, etc.

Mais non ! Nous avons eu droit à la litanie françafricaine habituelle. Pas un mot sur la crise institutionnelle au Tchad, moins encore sur la nature fondamentalement dictatoriale et corrompue du régime de Deby. Tout cela est sans importance pour la France. Sans le Soudan, tout beigne dans l’huile au Tchad ; et c’est le Soudan qui a poussé les rebelles à attaquer l’ANT pour empêcher l’Eufor de se déployer. On croit vraiment rêver !

A l’Est, cela fait exactement deux ans que le RFC, l’UFDD et d’autres groupes mènent une lutte armée contre le régime de Deby. Déjà, le RDL et plus tard le FUC étaient présents dans la même région depuis plusieurs années. La France, malgré son rôle historique dans la vie politique du Tchad, n’a jamais daigné contribuer à la résolution de la crise tchadienne ; depuis 17 ans, elle a porté le régime de Deby au bout des bras : politiquement, militairement et diplomatiquement.

Depuis le début du conflit armé à l’Est du Tchad, la France a apporté et apporte un appui substantiel et décisif au régime. Comme si cela ne suffisait pas, le nouveau pouvoir français, à la place d’une rupture tant attendue, intensifia son appui au régime de Deby, d’une façon plus accentuée que celle de son prédécesseur. C’est ainsi que débarqua l’agité Kouchner, connu pour avoir été un envoyé spécial des firmes pharmaceutiques européennes auprès des présidents Congolais et gabonais et de la société Total auprès de la dictature birmane. Pour renforcer d’avantage le pouvoir de Deby, ce Monsieur n’a pas trouvé autre chose que de suggérer le déploiement d’une force européenne au Tchad et en RCA deux pays sous tutelle de la Francafrique et dont les deux régimes sont fortement contestés par leurs opinions respectives.

Malgré les réticences de l’autre parrain libyen, Deby s’y accrocha, bradant une fois de plus la souveraineté du pays. Depuis, la France s’agite contre vents et marées à déployer cette force à forte coloration française et ce malgré les nombreuses hésitations et points d’interrogation des autres pays européens. Aujourd’hui, ce qui préoccupe la France, ce ne sont ni les combats, ni les morts, moins encore la situation de crise généralisée que connaît le Tchad depuis plusieurs années. Selon le porte parole du ministère des affaires étrangères françaises, c’est plutôt le retard que prendrait le déploiement de l’Eufor suite aux combats qui préoccupe la France. L’Eufor viendra certainement en appui à l’armée française déjà sur place dans le soutien multiforme du régime de Deby ; sous couvert de la sécurité des humanitaires, couvrir les activités mafieuses de certains d’entre eux, comme celle de Arche de Zoé, et enfin déstabiliser le régime soudanais. C’est clair, si l’Eufor était là, les 103 enfants seraient transportés vers la France. Dans ce schéma, l’armée française et l’Eufor sont les alliés actifs du régime de Deby et donc ennemis de la résistance nationale.

C’est avec beaucoup de désenchantement qu’on constate que la rupture tant claironnée ne concerne pas l’Afrique, du moins pas le pré carré. Eh bien tant pis ; peut être que la rupture viendrait des africains eux-mêmes, qui démontreront par là que la vie est possible sans la françafrique.

La Rédaction


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