Tchad: après d’âpres batailles, les rebelles s’en prennent à la France – Afp
Après trois intenses batailles en quatre jours face à l’armée tchadienne dans l’est du Tchad, les rebelles hostiles au régime de N’Djamena s’en sont directement pris vendredi à la France et aux « autres forces étrangères », se disant « en état de belligérance » avec elles.
Les rebelles de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) reprochent à l’armée française d’avoir « survolé » leurs positions lors des combats qui les ont opposés jeudi aux forces gouvernementales près du massif d’Hadjer Marfaïn, à la frontière soudanaise.
La France a déployé en 1986 au Tchad le dispositif Epervier, doté de 1.100 hommes et d’avions, dont des appareils de reconnaissance et des chasseurs Mirage F1.
Lors des offensives rebelles de 2006, l’armée française avait fourni du renseignement au Tchad, et depuis le début, lundi, de cette nouvelle crise, elle reconnaît poursuivre ses vols de reconnaissance.
« Dorénavant, l’UFDD se considère en état de belligérance contre l’armée française ou toute autre force étrangère sur le territoire national », a annoncé le porte-parole rebelle Mahamat Hassane Boulmaye dans un communiqué reçu à l’AFP à Libreville.
La référence aux « autres forces étrangères » résonne comme une mise en garde à la mission d’environ 3.500 soldats que l’UE tente actuellement, à l’initiative de la France qui en sera le principal pourvoyeur de troupes, de déployer dans l’est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.
La force Eufor Tchad-RCA, retardée notamment par l’insuffisance de moyens aériens, a reçu des Nations unies le mandat de sécuriser les camps de réfugiés soudanais qui ont fui la guerre civile au Darfour voisin.
Les rebelles tchadiens accusent régulièrement la France de soutenir le président Idriss Deby Itno. Mais ils n’avaient jamais été aussi loin.
Selon l’UFDD, « apporter un appui diplomatique, stratégique et logistique au tyran Idriss Deby est un acte d’hostilité ».
Depuis lundi, lorsque l’accord de paix signé le 25 octobre a volé en éclats, UFDD et armée tchadienne se sont affrontées à trois reprises, lors de combats d’une rare intensité.
Les deux camps affirment avoir infligé de lourdes pertes à l’adversaire, mais ces bilans contradictoires ne sont pas vérifiables de source indépendante. Des responsables rebelles et de l’armée reconnaissent toutefois, sous couvert de l’anonymat, avoir subi des pertes importantes.
Comme par le passé, N’Djamena accuse le Soudan d’avoir « armé » les rebelles en vue d’une « agression » visant à « déstabiliser » le Tchad.
Joint sur téléphone satellitaire, le chef de l’UFDD Mahamat Nouri a confirmé que les combats de jeudi, à 150 km au nord-est d’Abéché, principale ville de l’est tchadien, avaient été « très durs ».
« Vers 12H30 (11H30 GMT), alors que le Bréguet français n’avait cessé de survoler nos positions, les hélicoptères tchadiens nous ont bombardés, et pour la première fois nous avons été obligés de laisser le champ de bataille », a-t-il expliqué à l’AFP.
La rébellion appelle désormais les Tchadiens à « se mobiliser » contre la France.
Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu entre la France et son ex-colonie. Une association française, L’Arche de Zoé, a tenté en octobre de transporter du Tchad en France 103 enfants et six de ses membres sont incarcérés au Tchad.
Plusieurs manifestations antifrançaises ont eu lieu au Tchad pour réclamer qu’ils soient jugés sur place, contrairement au souhait du président français Nicolas Sarkozy.