Nouveaux combats dans l’est du Tchad, qui s’enfonce dans la guerre – Afp

Une semaine après la reprise des hostilités entre l’armée tchadienne et les rebelles hostiles au président Idriss Deby Itno, de nouveaux combats ont eu lieu lundi dans l’est du Tchad, qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre.

Depuis le 26 novembre, les deux principales rébellions tchadiennes, l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) du général Mahamat Nouri et le Rassemblement des forces pour le changement (RFC) de Timan Erdimi, sont successivement entrées en conflit face aux forces gouvernementales.

Lundi, des affrontements ont opposé l’armée au RFC à environ 80 km au nord-est de la préfecture de Biltine. Ces rebelles avaient déjà eu affaire samedi avec l’aviation de N’Djamena, qui les avait bombardés dans la localité de Kalaït, à 140 km au nord de Biltine.

« Nous avons été survolés par les avions de reconnaissance français, puis l’armée nous a attaqués ce matin », a déclaré à l’AFP le porte-parole du RFC Id Moura Maïdé.

« Il y a eu d’intenses combats au sol, qui se sont terminés à la mi-journée », a-t-il ajouté, joint sur téléphone satellitaire depuis Libreville.

Selon lui, l’armée a été mise « en déroute » par les rebelles.

De source gouvernementale à N’Djamena, le son de cloche est différent. « La colonne du RFC a été interceptée par l’armée alors qu’elle se dirigeait vers la frontière soudanaise. Il y a eu des combats sporadiques, mais maintenant les rebelles sont totalement encerclés par nos hommes », selon cette source.

Ces versions contradictoires étaient invérifiables de source indépendante.

Le porte-parole du RFC a annoncé que ses troupes allaient « continuer les opérations en coordination avec l’UFDD ».

L’UFDD a expliqué à l’AFP que la situation était calme lundi dans son secteur, à environ 150 km au nord-est d’Abéché, principale ville de l’est du Tchad, pour la quatrième journée consécutive.

L’UFDD a été engagée la semaine dernière dans trois intenses batailles avec l’armée tchadienne, commandée par le président Deby, présent dans l’est du Tchad où il est retourné après un bref passage, samedi, à N’Djamena.

Selon des sources concordantes, ces combats ont laissé des traces des deux côtés: un nombre important de morts, des centaines de blessés, et des véhicules et équipements perdus.

« Je ne peux pas dire que nous sommes en pleine forme comme avant le 26 novembre », a reconnu le secrétaire général de l’UFDD Abakar Tollimi, joint depuis Libreville. « Nous devons un peu nous réorganiser, mais c’est en train de se faire ».

L’UFDD s’est réjouie de l’entrée en scène du RFC, bien que les deux mouvements n’aient jamais réussi à s’allier.

« Si on avait attaqué au même moment sur tous les fronts, on aurait déjà gagné. Il y a eu une mauvaise coordination », a regretté Abakar Tollimi.

Il a en revanche affirmé que des éléments d’une ex-rébellion, le Front uni pour le changement (Fuc), qui avaient fait la paix avec N’Djamena il y a un an mais à nouveau en dissidence en octobre, étaient sur le point de rallier l’UFDD. Cette affirmation n’a été confirmée par aucune autre source.

L’est du Tchad, également en proie à de fréquents affrontements communautaires et terre d’accueil pour quelque 236.000 réfugiés soudanais qui ont fui le conflit au Darfour voisin, est une fois de plus confronté à la guerre. L’Union européenne (UE) est censée y déployer une force d’environ 3.500 hommes pour sécuriser les camps de réfugiés, mais cette mission est retardée faute notamment de moyens aériens suffisants.


Commentaires sur facebook