Arche de Zoé: un cinquième Tchadien et un réfugié soudanais inculpés – Afp
Un cinquième Tchadien et un réfugié soudanais ont été inculpés de complicité d’enlèvement de mineurs et écroués à N’Djamena dans l’enquête sur la tentative de transport en France de 103 enfants par l’association L’Arche de Zoé, a-t-on appris lundi de sources judiciaires.
Le Tchadien Souleïmane Ibrahim Adam, un notable de la localité d’Adré frontalière du Soudan, est soupçonné par les enquêteurs d’avoir servi d’intermédiaire entre l’association française et les familles des enfants. Les mêmes faits sont reprochés au Soudanais réfugié dans cette région, ont précisé ces sources sans fournir son identité.
Selon une source judiciaire, le notable, responsable d’une école coranique à Adré, ainsi que le réfugié soudanais ont permis à L’Arche de Zoé de récupérer plus de 80 enfants de cette zone frontalière.
Lors d’une confrontation, lundi à N’Djamena, Eric Breteau, président de L’Arche de Zoé, a de nouveau affirmé que ces enfants lui avaient été présentés « comme des Soudanais », alors que les deux nouveaux inculpés ont assuré qu’une soixantaine étaient Tchadiens, selon une source judicaire.
Ce notable et le Soudanais, réfugié au Tchad depuis 6 ans, ont été arrêtés à Adré, puis inculpés à Abéché, principale ville de l’est du Tchad, et transférés au cours du week-end à N’Djamena, où il ont été écroués à la maison d’arrêt.
Six membres français de L’Arche de Zoé sont toujours incarcérés dans la capitale tchadienne pour « enlèvement de mineurs en vue de compromettre leur état civil » et « escroquerie », tandis que quatre autres responsables tchadiens sont détenus pour « complicité ».
Cette opération controversée a été stoppée le 25 octobre par les autorités tchadiennes à Abéché alors que l’association française s’apprêtait à faire embarquer 103 enfants de la région dans un avion à destination de la France.
L’Arche de Zoé présente les enfants comme des orphelins du Darfour, région soudanaise voisine en proie à la guerre civile. Mais selon une enquête menée par des organisations humanitaires internationales, la quasi-totalité d’entre eux viennent de villages tchadiens de la zone frontalière, et ont au moins un parent ou un adulte qu’ils considèrent comme tel.
Les avocats des inculpés français ont demandé à la justice tchadienne de requalifier de crime en délit les infractions reprochées à leurs clients.
« L’instruction devrait être close d’ici la fin de la semaine, et l’ordonnance de renvoi devrait être prise dans la foulée » après transmission du dossier au procureur de la République, selon une source judiciaire.
« On devrait alors être rapidement fixés sur la demande de requalification de faits et sur la date d’un éventuel procès », a-t-on précisé.
Trois journalistes français, les sept Espagnols de l’équipage de l’avion affrété par L’Arche de Zoé pour emmener les enfants en France, et un pilote belge qui en avait acheminé une partie d’Adré à Abéché, avaient également été incarcérés au Tchad, mais ont depuis été libérés et rapatriés. Ils restent inculpés par la justice tchadienne.
Les 23 inculpés, au total, encourent cinq à vingt ans de travaux forcés au Tchad. Si les faits sont requalifiés, les peines encourues iraient de 2 à 5 ans.
Le président français Nicolas Sarkozy avait affirmé le 6 novembre qu’il irait « chercher » les ressortissants français toujours détenus au Tchad « quoi qu’ils aient fait », s’attirant les foudres des autorités tchadiennes.
Depuis, Paris et N’Djamena ont semblé vouloir calmer le jeu et se sont montrés plus discrets sur cette affaire.