Des corps témoignent de la violence des combats au Tchad – Reuters

Les corps carbonisés et les épaves de véhicules tout-terrain gisent encore sur l’herbe noircie près du Mont Tourka, dans l’est du Tchad, deux jours après la fin de violents combats entre rebelles et forces gouvernementales.

Des colonnes de fumée s’élèvent dans le ciel, poussées par le vent dans les vallées situées au pied de cet affleurement rocheux proche de la frontière avec le Darfour soudanais.

L’armée tchadienne affirme avoir définitivement chassé les rebelles vers le Soudan et entend bien le montrer aux yeux du monde.

« C’était une base rebelle », déclare le général Abdelkarim Bahar Mahamat Itno, chef de l’armée tchadienne et cousin du président Idriss Déby, en montrant les cadavres.

Le bras en écharpe, assis dans un oued, un lit de rivière asséché, il raconte à un groupe de journalistes invités l’intensité des combats qui ont eu lieu.

« Le principal théâtre d’opérations était à 12 kilomètres d’ici mais vous pouvez voir les affrontements qui ont eu lieu ici », dit-il. « Les combats ont duré dix heures mais l’armée a été en mesure de tout détruire (…) Il n’y a plus de rebelles sur le territoire tchadien. Pas un seul, je vous l’assure. »

Les troupes gouvernementales affrontent au moins trois factions rebelles dans ces combats les plus violents depuis des mois dans l’est du Tchad. Les hostilités ont repris à la fin novembre, un mois à peine après l’effondrement de l’accord de paix signé à Syrte, en Libye.

Ce regain de violence survient à quelques semaines du déploiement de l’Eufor, la force européenne missionnée par les Nations unies pour protéger les populations civiles de la région et les centaines de milliers de réfugiés venus du Darfour.

DES CENTAINES DE VICTIMES

Les rebelles affirment eux aussi avoir infligé de lourdes pertes aux forces gouvernementales et les hommes du général Itnos n’affichent pas le même optimisme que leur commandant.

« C’est l’armée tchadienne, elle cherche les rebelles avec les Français », déclare un soldat dans le grondement des Mirage français qui traversent le ciel. « Il est possible qu’ils se cachent dans les montagnes. On n’en sait rien. »

Les hommes d’Itnos paraissent épuisés.

« Les combats ont éclaté l’autre lundi. Cela fait onze jours maintenant », dit un deuxième soldat, qui préfère taire son nom.

« Les combats ont été très durs, nous sommes très fatigués. Cela fait plusieurs jours que nous n’avons pas mangé et que nous n’avons pas eu l’occasion de nous reposer. Il y a des problèmes de ravitaillement, en vivres et en eau. »

Le général Itnos affirme qu’au moins 70 rebelles ont trouvé la mort en deux jours d’affrontements dans le secteur, et seulement six hommes dans ses rangs.

Le Rassemblement des forces pour le changement (RFC), l’une des factions impliquées dans les derniers combats, affirme avoir remporté une victoire importante et fait plus de 200 prisonniers.

Tout bilan des affrontements est difficile à obtenir auprès de sources indépendantes.

Un responsable humanitaire basé à N’Djamena chiffre par centaines le nombre de combattants tués et blessés depuis la reprise des combats fin novembre.

Entre 350 et 400 soldats gouvernementaux ont été blessés depuis le déclenchement des hostilités, a-t-il dit à Reuters.

Le nombre de combattants rebelles soignés par les organisations humanitaires apparaît beaucoup plus faible mais cela peut être dû au fait que les rebelles ont plus de mal à évacuer leurs blessés, a-t-il ajouté.

« De la façon dont ils mènent la guerre ici, je ne serais pas étonné qu’il y ait un nombre de morts au moins égal aux deux tiers du nombre de blessés. C’est une simple hypothèse mais si l’on regarde les précédentes batailles, comme à N’Djamena, c’est le pourcentage que nous avons constaté. »


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