Au Tchad, l’armée résiste face à des rebelles divisés – Afp
Malgré de lourdes pertes, après plusieurs intenses batailles dans l’est du Tchad, l’armée de N’Djamena semble résister face à des rebelles qui se disent déterminés à renverser le président Idriss Deby Itno mais demeurent divisés.
Rebelles et officiers gouvernementaux, responsables tchadiens et observateurs étrangers, tous l’affirment: les combats qui se sont succédé depuis le 26 novembre ont été les plus durs constatés au Tchad depuis l’arrivée au pouvoir par les armes du président Deby en décembre 1990.
Et les deux camps ont une même « envie d’en découdre », glissent en choeur un chef rebelle et une source proche des autorités.
« Les mouvements armés et les autorités ont signé l’accord de Syrte (Libye) le 25 octobre tout en se préparant à la guerre », note un observateur étranger. « Aujourd’hui, l’accord de Syrte est mort ».
Les principales rébellions, l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) et le Rassemblement des forces pour le changement (RFC), confirment l’avoir signé sans conviction.
« Personne n’y croyait », lâche le président de l’UFDD Mahamat Nouri. « C’était pour faire plaisir au guide libyen (Mouammar Kadhafi) qui faisait pression sur nous », assure le chef du RFC Timan Erdimi.
Autour du 25 novembre, l’UFDD et le RFC ont quitté leurs bases arrière au Soudan voisin et les hostilités ont aussitôt repris.
« Il y a deux hypothèses », estime un bon connaisseur du dossier. « Soit le Soudan, qui s’est engagé à ne plus soutenir les rebelles, leur a demandé de partir tout en les aidant un peu. Soit le Soudan continue de les alimenter pour qu’ils attaquent les uns après les autres ».
La première bataille entre armée et l’UFDD, le 26 novembre à Abou Goulem, à près de 90 km à l’est d’Abéché, la principale ville de l’est tchadien, a été très dure, meurtrière, et relativement équilibrée.
Mais celles qui ont suivi dans le massif d’Hadjer Marfaïn frontalier du Soudan ont tourné à l’avantage des forces gouvernementales, selon ce connaisseur du dossier. « Les rebelles de Mahamat Nouri y ont perdu l’essentiel des forces engagées. Reste à savoir s’ils ont des réserves au Soudan ».
Depuis une semaine, l’UFDD ne s’est pas manifestée sur le terrain, et dit se « réorganiser ». « On panse nos plaies des deux côtés, mais le prochain face-à-face sera décisif », promet le général Nouri.
Face au RFC, les affrontements dans le massif de Kapka, en début de semaine, ont été moins acharnés, et les rebelles ont réussi à se replier.
Au Tchad, de tels affrontements sont saisonniers. Depuis trois ans, vers octobre-novembre, quand finissent les pluies, les hostilités reprennent. Mais en 2006, si les combats avaient été moins intenses, « la situation était plus précaire pour l’armée tchadienne », se souvient l’observateur étranger.
« Depuis, on s’est équipé, notamment grâce à l’argent du pétrole », reconnaît un collaborateur du président Deby. « L’an dernier, nous avions la même puissance de feu que les rebelles. Aujourd’hui, nous sommes supérieurs et les rebelles peinent à s’allier ».
Néanmoins, selon un autre responsable tchadien, « l’armée, qui a nettement plus d’effectifs et de moyens, a été très affectée eu égard aux forces en présence ». « Le président a perdu plus de dix membres de son entourage proche », souligne-t-il.
En dépit de nouveaux accrochages jeudi avec des groupes armés mineurs dans le sud-est, une certaine accalmie semble s’installer. Signe de la relative sérénité du pouvoir, le chef de l’Etat, qui a vécu, au front, les principaux combats, a regagné jeudi N’Djamena et participe ce week-end au sommet UE-Afrique de Lisbonne.
« Mais nous sommes préparés à ce que les rebelles recommencent », prévient son collaborateur.